Cet article revient sur des travaux que j'ai réalisés en utilisant la facilitation graphique dans le monde de la migration. Il s'inscrit dans une série de posts retraçant les différentes thématiques que j'ai pu aborder en dessins. L'ensemble des thèmes est disponible ici.
☕️ Attention, cet article est long (et encore j'ai fait une sélection). J'aime bien bavarder, prenez donc un thé !
Je vais aborder ici la question de la migration avec un court état des lieux de la situation, des réalités mondiales et françaises ainsi que la façon dont peut être vécue l'expatriation via le numérique.
Où trouver refuge aujourd'hui ?
J'ai eu le plaisir d'assister à journée "où trouver refuge aujourd'hui ?" organisée par le Secours Islamique France au Sénat le 27/03/2017, voici quelques résumés dessinés de ce qu'il s'y est passé :
La migration n'est pas un phénomène nouveau, il suffit de raviver notre mémoire de quelques dizaines d'années pour parfois se rendre qu'on était de l'autre côté il n'y pas si longtemps. Les raisons qui y poussent ont quant à elles évolué : il ne s'agit plus de migrer pour vivre mieux mais de migrer pour vivre, tout simplement. Le mélange de crises politiques et de catastrophes naturelles amène à une situation humanitaire alarmante. En 2015, plus de 65 millions de personnes étaient en exil avec 80 % d'entre elles fuyant des conflits ou persécutions et 20 % d'entre elles des désastres naturels.
En France, la migration se repose sur 3 textes : la Constitution française, la Convention de Genève et la protection subsidiaire. Ces textes définissent des grands principes mais la mise en application relève d'une part de droit et d'une autre part d'une interprétation, ce qui donne leur application parfois délicate. Pour aller plus loin que le phénomène de migration, de nombreux éléments laissent à penser qu'il serait bon de repenser de manière générale la notion de citoyenneté et ce, au niveau mondial.
Une étude sur la préoccupation de devoir un jour quitter son pays a été menée en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et au Canada et a permis d'établir une liste de critères qui orienteraient les habitants de ces pays vers un nouveau pays : il s'agit de la proximité géographique, la langue, la stabilité politique et la possibilité d'y trouver un emploi. Pour voyager, l'indispensable réside dans les papiers d'identité, de l'argent liquide ainsi que des produits de premières nécessité. Des éléments qui semblent se retrouver dans beaucoup de pays.
Les états sont désignés comme étant les principaux responsables pour gérer l'accueil des réfugiés mais ces derniers sont souvent livrés aux ONG. Ces ONG profitent aujourd'hui d'un certain engouement humanitaire de la société civile avec en 2017 plus de 750 initiatives répertoriées en France.
Les priorités dans tous les pays sont l'apprentissage de la langue et la recherche d'emploi. Je viens d'utiliser ici le mot "réfugié" qui est encadré par la Convention de Genève mais qu'il s'agisse de migrants ou de réfugiés, la sémantique a toute son importance et il s'agit d'être vigilant à ce que ces mots ne se transforment pas en "clandestin"... La sémantique n'est pas innocente, souvent porteuse de sens et aussi lourde que les regards qui l'accompagnent.
La migration n'est non seulement pas un phénomène nouveau mais c'est aussi un phénomène mondial. Il est donc nécessaire de s'ancrer dans une logique globale avec une approche holistique de l'accueil et de l'accompagnement. Il semble pertinent de réfléchir à un cadre global inclusif (différent du droit d'asile) pour faire de mobilité un bien public mondial.
Asile, intégration et santé mentale
À l'occasion du Plan Territoriale de Santé Mentale de Loire-Atlantique et dans le cadre de la semaine d'intégration des étrangers primo-arrivants, une journée a été consacrée à la thématique "asile, intégration et santé mentale : les ressources territoriales". Six mini-conférences ont eu lieu et j'ai cherché à retranscrire les messages clés :
Le titre de séjour santé n'est pas délivré au doigt mouillé : 5 conditions régissent son obtention. Il importe dans un premier temps de ne pas représenter de menace sur le territoire, d'être résident en France depuis au moins un an, d'avoir une nécessité de prise en charge médicale, de souffrir de conséquences graves en cas de défaut de prise en charge et de ne pas pouvoir avoir recours à un traitement adapté dans son pays d'origine. Il s'agit en pratique de déposer un formulaire à la préfecture pour ensuite constituer son dossier médical qui donnera lieu à un rapport du médecin de l'OFII pour ensuite conclure sur une décision du préfet.
Les parcours de mineurs non accompagnés sont également balisés : à l'arrivée dans le département, la minorité est évaluée avec un recours possible par la suite (sans prise en charge lors du délai d'attente). Si la minorité est confirmée, le mineur est pris en charge par l'ASE pour ensuite une possibilité de contrat jeune majeur après 18 ans. Si cette thématique est abordée dans le cadre de l'élaboration d'un Plan Territorial de Santé Mentale, ce n'est pas anodin : le sujet de la santé mentale y est central avec 50 % d'entre eux qui souffrent d'un stress post-traumatique, 25 % d'états dépressifs et 25 % de troubles anxieux.
En arrivant sur un territoire, la question de l'hébergement est cruciale et pour cause : un demandeur d'asile sur 2 est non hébergé. Différents dispositifs comme les CADA, HUDA et CPH encadrent l'hébergement dans le cadre d'une demande d'asile, le tout régi par le DNA (Dispositif National d'Asile).
Le parcours de soin et notamment en santé mentale peut sembler obscur à bien des égards. L'enjeu pour les personnes concernées et pour les soignants est de soigner au plus près, d'aller chercher les personnes là où elles sont, d'évaluer les freins et de se focaliser sur le principe de réalité.
L'interculturalité peut être à l'origine d'incompréhensions voire de conflits. Qu'on appartienne à la même culture ou qu'on parle ou non la même langue, on ne peut pas ne pas communiquer. Entre représentations erronées, raccourcis, codes inconscients, transfert et contre-tranfert, la communication peut vite se voire altérer. L'empathie culturelle, la flexibilité et l'ouverture d'esprit se travaillent en permanence au contact de l'autre. Il s'agit à la fois de se décenter et de ne pas étiquetter l'autre, de comprendre la personne dans sa globalité et se penser aussi comme un autre. Les bains culturels peuvent être fertiles si on s'y aventure en toute humilité.
Enfin, la communication peut être facilitée grâce à l'interprétariat. L'enjeu pour l'interprète est d'inspirer confiance avec une distanciation nécessaire et d'apporter un éclairage culturel avec impartialité. L'enjeu est de favoriser une continuité des échanges au service du patient en prenant en compte les subtilités de ses récits intimes dans le respect du cadre médical.
Le migrant connecté, pour ne pas être déraciné
La place du numérique est grandissante dans nos vies et ça ne fait pas exception chez les migrants :
Le numérique a de nombreux atouts du point de vue d'un migrant. Il permet tout d'abord une meilleure qualité de lien à la fois avec ceux qui sont restés dans le pays d'origine mais aussi avec les diasporas présentes dans le pays d'accueil. Le numérique facilite également la fluidité dans les démarches administratives et une traçabilité dans ces dernières. Attention toutefois à pouvoir préserver sa vie privée et à s'autoriser une déconnexion.
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