QU'EST-CE QUI M'ANIME (VRAIMENT) ?

· La pratique

L'air de rien, ça fait maintenant 11 ans que j'ai rencontré la facilitation graphique

Je racontais dans cet article comment tout a commencé et depuis je me suis beaucoup questionné et j'ai cheminé.

J'ai posé sur le papier il y a quelques années les 5 raisons qui me font travailler sur un projet (les étoiles dans les yeux). Je suis toujours alignée sur ces raisons avec un bémol quant au lieu car je cherche à exclure toute destination qui nécessiterait de prendre l'avion (je cherche à avoir de l'impact avec mon travail mais pas de l'impact carbone).

Voilà comment aujourd'hui, je pose un regard rétrospectif sur ma pratique :

✨ MES EXPLORATIONS ✨

facilitation graphique, facilitation visuelle, sketchnotes, infographie

1. Comment techniquement ?

Avant de me poser 10 000 questions, j'ai commencé par pratiquer et apprivoiser ce en quoi consistait cette nouvelle discipline qu'était la facilitation graphique. J'utilise à juste titre le mot "discipline" car ça demande à mon sens d'être particulièrement entêté / passionné pour rater, recommencer et progresser petit à petit. J'étais donc dans un premier temps exclusivement dans une dimension technique que je continue encore aujourd'hui à explorer inlassablement. Une dimension que je suis venue enrichir, au fil du temps, en faisant un pas de côté sur ma pratique.

2. Au service de quoi ?

Armée d'a priori étriqués, j'ai cherché, pendant assez longtemps, à me fondre dans le décor de mes clients. Je me voyais alors comme un simple médium, révélateur de leurs projets et idées. Je m'étais naturellement ôtée de mes émotions, aversions et convictions. J'étais fière de la diversité de mes clients mais j'avais petit à petit la sensation que je m'agitais dans une direction indéterminée.

J'ai donc timidement choisi de m'afficher avec des thématiques qui me parlaient. J'ai d'abord lancé mon blog J'ai lu ça en septembre 2017 pour y réaliser un résumé dessiné par mois sur un sujet qui m'intéressait (même si le rythme a été ralenti depuis, on y compte pas loin de 50 livres à l'heure actuelle). Pour commencer en fanfare, j’ai choisi d’inaugurer le blog en m'attaquant à un gros morceau (en symbole et en nombre de pages) : le deuxième sexe (tome 1 et 2) de Simone de Beauvoir.

Je pensais alors avoir coché la case "féministe mais pas trop" et ne plus jamais revenir sur le sujet (au risque, justement, de paraître "un peu trop" féministe). J'ai la joie de constater que je me suis trompée sur ce point. Il se trouve que depuis j'ai beaucoup travaillé sur les violences faites aux femmes et sur les violences de manière générale.

J'ai également lancé le projet Frottis Chéri pour informer sur le papillomavirus et le cancer du col de l'utérus lors du confinement. Autant dire qu'après avoir parlé de violences faites aux femmes, de frottis et d'utérus, ça m'a enlevé quelques barrières mentales m'interdisant certains sujets.

Je peux aujourd'hui affirmer sans me sentir gênée que ce sont les sujets autour de la lutte contre les violences et les inégalités sociales et écologiques qui me portent le plus.

3. Avec quelle posture ?

Après avoir affiné et assumé les sujets qui me touchaient, je suis venue à m'intéresser à la façon de les aborder.

Je détaille ce point dans mon article sur ce que j'ai baptisé la "mobilisation graphique". J'assume aujourd'hui une posture réflexive, éloignée de ce désir de me fondre derrière mes clients que je pouvais avoir à mes débuts. Je cherche à les faire réfléchir sur leur démarche, à prendre de la distance sur leur demande et ne pas à foncer tête baissée sur un brief bien huilé.

En plus de mieux cerner les intentions et modes d'actions dans la communication et la mobilisation, je prends aussi plaisir à explorer les formats, leurs intrications et circonvolutions. J'expérimente différentes façons de faire passer un message et je prends un plaisir non dissimulé à les mettre en scène et à raconter des histoires par exemple pour parler de la vie affective et sexuelle des personnes âgées (mais pas que) ou encore pour questionner les contes fées.

Je viens ici de détailler la démarche dans laquelle je chemine et j'ai aussi réfléchi sur les effets que je souhaitais engendrer à travers les visuels que je réalise :

💥 MES INTENTIONS 💥

facilitation graphique, facilitation visuelle, sketchnotes, infographie

J'ai à cet effet dégagé 3 différents niveaux :

1. S'approprier le réel

Mettre en scène des informations, c'est déjà permettre de s'approprier le réel. Avoir prise sur des données permet de les intégrer, de les questionner et d'échanger à leur sujet. C'est pour moi le premier niveau sur lequel je peux agir.

2. Fluidifier les interactions

Les visuels peuvent également se positionner au service des interactions, en sensibilisant aux biais qui nous concernent toutes et tous et aux discriminations insidieuses qui s'y nichent. C'est un niveau que je compte continuer à développer pour apaiser les relations et donc in fine mieux véhiculer des idées.

3. Remodeler les imaginaires

Avec le premier niveau sur l'appropriation du réel, je cherche à rendre des modes de pensées délétères obsolètes par des faits et des données. Et plus je progresse dans ma pratique et dans mes réflexions, plus je réalise qu'il n'y a pas plus fertile que de construire de nouveaux imaginaires collectifs. Je ne suis aujourd'hui qu'aux prémices de cette démarche et je me réjouis déjà d'explorer.

Cet article avait vocation à prendre du recul sur ma pratique actuelle. C'est un ensemble de chantiers en cours plus ou moins théorisés et débroussaillés. Et la principale certitude c'est que je vais continuer à explorer, j'espère toujours plus en conscience et j'espère toujours avec autant de joie !

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