Les violences faites aux femmes sont malheureusement trop souvent intégrées, banalisées voire invisibilisées dans la société. J'ai cherché, avec les travaux que je vais présenter, à améliorer la compréhension autour de ces sujets encore trop peu traités. Vous pouvez également consulter un autre volet de mon travail consacré à l'(in)égalité femmes-hommes.
1. LE CONSTAT
Les violences faites aux femmes
À travers les chiffres mis en avant par le collectif Nous Toutes, j'ai voulu donner à voir la réalité des violences faites aux femmes aujourd'hui en France :
En France, une femme sur deux a déjà subi des violences sexuelles. C'est donc très loin d'être un épiphénomène !
93 000 femmes sont victimes de viol ou tentative de viol chaque année et 9 victimes sur 10 connaissent leur agresseur : on est loin de la légende urbaine de l'inconnu au détour d'une ruelle sombre. 10 % des victimes portent plainte, ce qui donne lieu dans 1% des cas à une condamnation par la justice. De quoi décourager !
Une femmes sur 10 est victime de violences conjugales au cours de sa vie et
151 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2019. Une femme sur trois est victime de harcèlement sexuel au travail.
Bon nombre des données ici vont concerner la France mais je tiens à ouvrir les yeux aussi sur des violences qui peuvent nous sembler lointaines et qui sont bien trop présentes comme aujourd'hui en Iran :
En effet, en Iran, pour les femmes, le port du voile est obligatoire à partir d'un très jeune âge, les femmes sont placées tout au long de leur vie sous l'autorité d'un homme que ce soit leur père ou leur mari, avec non seulement une absence de protection juridique mais aussi des peines sévères encourues qu'il s'agisse de coups de fouet, de lapidation, de vitriolage, de viol, jusqu'à la peine de mort.
2. VIOLENCES ET ENTREPRISES
Les violences sexistes et sexuelles au travail
Commençons par nous pencher par les violences faites aux femmes dans le cadre professionnel :
Le phénomène est loin d'être anecdotique avec pas moins de 58 % des femmes concernées par les violences sexistes et sexuelles au cours de leur carrière et il s'agit d'une réalité quotidienne pour près d'une femme sur 5. Une des complexité de ce problème repose sur la banalisation, la minimisation et donc l'invisibilisation du phénomène. Enfin, les violences sont à considérer dans leur globalité et on peut malheureusement constater un continuum de violences dans la sphère professionnelle, domestique et publique.
Les violences ne proviennent pas nécessairement de la hiérarchie mais celle-ci se doit de prendre ses responsabilités pour agir et les éradiquer. Aucun secteur n'est épargné et il n'y a pas de profil type de l'agresseur : les violence sont partout. Pour traiter ces violences, il est crucial de se concentrer sur les effets qu'elles ont sur la victime et non sur l'intention de l'agresseur. Un des éléments permettant de mettre en évidence une violence sexiste, c'est notamment l'asymétrie de traitement : en se posant la question si un homme aurait été traité de la même manière dans une situation similaire, on peut vite tirer des conclusions.
Quelques éléments viennent augmenter les risques de violences sexistes et sexuelles : le fait d'être dans une équipe majoritairement masculine, d'être dans un poste en contact avec le public, d'avoir une tenue de travail imposée ou encore de se trouver dans une situation précaire.
Pour agir contre ces violences, il est tout aussi important de libérer la parole que d'ouvrir les oreilles de toutes et tous en agissant à la fois sur la prévention et sur le traitement des situations. Il s'agit de travailler sur la culture d'entreprise de manière globale à travers la qualité de vie au travail, les risques psycho-sociaux et la lutte contre les discriminations.
Les entreprises ont tout intérêt à s'emparer de cette question car c'est une opportunité d'agir et de déconstruire les représentations limitantes mais c'est aussi se parer à un risque d'inaction lié aux obligations réglementaires (lutte contre les discriminations et référent.e.s violences sexuelles et sexistes).
Les impacts des violences sexistes et sexuelles sont multiples : il est tout d'abord question de la victime mais cela concerne également ses proches, les témoins au collègues et in fine l'entreprise elle-même. Pour y répondre, pas de solution magique et générique mais un travail -de longue haleine- à adapter au cas pas cas. Quelques exemples en Pays de la Loire ont été développés à cette occasion avec la CPME 85 et le CEZAM Pays de la Loire à l'occasion de ce 3ième colloque organisé par le CIDFF Pays de la Loire.
L'entreprise a également son rôle à jouer à propos des violences conjugales :
Les violences, qu'elles soient physiques, sexuelles, psychologiques, économiques, administratives ou des cyberviolences, créent un environnement insécurisant et dévalorisant pour la victime.
Cet environnement délétère mène à des difficultés de maintien en emploi et des conséquences sur le travail de la victime. Les violences vont avoir une incidence sur la santé mentale et physique de la victime (douleurs chroniques, épuisement, troubles dépressifs, perte de la confiance en soi, addictions, troubles alimentaires) et peut également donner lieu à des préjudices matériels (confiscation de documents administratifs, confiscation d'un véhicule, contrôle de l'activité économique).
Cet environnement crée des obstacles à l'épanouissement de la victime. Il donne lieu à une diminution de la stabilité émotionnelle avec des difficultés à s'engager dans son travail ainsi qu'une détérioration de l'estime de soi et de la confiance en l'autre, pouvant donner lieu à un repli sur soi et à des difficultés relationnelles.
Les conséquences visibles chez la victimes sont nombreuses : modification du comportement (irritabilité, pleurs, grande fatigue, manque de concentration ou de motivation), intrusion du conjoint sur le lieu de travail ou encore retards, absences, arrêts maladie ou au contraire présentéisme. À noter par ailleurs que les salariées fragilisées sont davantage cibles du harcèlement au travail.
Enfin, le rôle de l'entreprise est essentiel car elle constitue pour la victime un lieu de protection, de lien social et d'émancipation économique.
Pour traiter des violences au travail, la FNCIDFF (Fédération nationale des Centres d'Information sur les Droits de Femmes et des Familles) m'a demandé de réaliser 2 affiches pour aborder la question des violences au sein du couple et les violences sexistes et sexuelles au travail :
Toutes les violences sont punies par la loi.
De nombreuses personnes au sein de l'entreprise peuvent vous aider si vous êtes victimes de violences : délégué.e.s du personnel, syndicats, médecine et psychologues du travail, collègues / responsables d'équipe, associations d'accompagnement des victimes comme les CIDFF.
Toutes et tous concerné.e.s, collègues, ami.e.s, employeur.euse.s, brisez le tabou ! Écoutez et rassurez sans banaliser, facilitez les démarches de protection, informez et orientez vers des associations spécialisées.
Les CIDFF sont des acteurs de proximité qui informent, orientent et accompagnent les personnes victimes de violence. Contactez le CIDFF le plus proche de chez vous pour poser vos questions de manière gratuite et confidentielle.
Les violences sexistes et sexuelles au travail peuvent être banalisées, voici donc certains comportements qui sont inacceptables et punis par la loi :
Tous ces comportements sont punis par la loi :
- Agissement sexiste : propos lié au sexe portant atteinte à la dignité ou créant un environnement dégradant
- Outrage sexiste : propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste portant atteinte à la dignité ou créant un environnement dégradant
- Injure publique sexiste : expression outrageante liée au sexe pouvant être entendue ou lue par un public
- Harcèlement sexuel : propos ou comportement à caractère sexuel répétés portant atteinte à la dignité ou créant une situation offensante ou pression pour obtenir un acte sexuel
- Agression sexuelle : atteinte sexuelle commise avec violence, menace ou surprise (5 zones : fesses, sexe, seins, bouche et entre les cuisses)
3. VIOLENCES ET SOCIÉTÉ
La culture du viol
Ces différents comportements sont permis par ce qu'on appelle la "culture du viol" (rape culture en anglais) :
La culture du viol, c'est un ensemble de croyances et de comportements qui nient ou justifient les agressions sexuelles envers les femmes.
Les femmes sont considérées comme étant coupables et les hommes innocents à travers plusieurs aspects :
- Présomption de culpabilité pour les femmes qu'on va soupçonner de mentir pour des motifs de vengeance, de célébrité ou d'argent. Face à cela, une présomption d'innocence pour les hommes scruté à travers le spectre d'un "vrai viol" stéréotypé qui ne représente même pas 1 viol sur 10 (une femme adulte, seule, dans l'espace public, attaquée par un inconnu armé)
- Consentement a priori pour les femmes face à une minimisation de l'agression commise par les hommes
- Blâme des victimes face à un mythe des pulsions irrépressibles chez l'homme
Une des façons très concrète pour contribuer à lutter contre la culture du viol, c'est de choisir soigneusement et consciemment ses mots :
Le choix des mots est important car les mots façonnent notre façon de penser et de voir le monde. Au lieu de parler de blagues salaces / propos graveleux, de gros relous, de gestes déplacés / attouchements, de baisers volés ou de frotteurs qui banalisent voire romantisent les violences, changeons de vocabulaire. Il est pertinent d'adopter le vocabulaire approprié et de parler de harcèlement et d'agression sexuels.
Et pour réfléchir à l'importance du langage, je vous laisse réfléchir à cet étendard du pays des "droits de l'Homme" que la France peut fièrement revendiquer :
À retenir : le masculin n'est pas neutre... Il est masculin ! Et le langage façonne la pensée, ce qui n'est pas énoncé n'existe donc bonnement et simplement pas.
La pornographie mainstream
La pornographie mainstream permet également de diffuser des idées sous-jacentes à la culture du viol :
Le sujet reste facilement sous la tapis tant il est tabou mais il n'en vient pas moins se terrer dans nos imaginaires. La pornographie mainstream est un vecteur de domination masculine qui vient forger des normes tant corporelles que relationnelles en normalisant des violences physiques, psychologiques et symboliques.
La pornographie mainstream vient se nicher à l'intersection du patriarcat, du colonialisme et du capitalisme avec des formes d'oppression à la fois matérielles et immatérielles.
La réception d'images pornographiques par les adolescent.e.s peut altérer le rapport à leur corps, à leur relation et à leur sexualité en cours de construction et d'exploration. Leur santé sexuelle et relationnelle en est fortement impactée avec une altération dans le rapport à l'autre et désensibilisation de manière générale.
Tout l'enjeu alors est d'éduquer au dialogue sur le sujet et au consentement de manière générale. Il ne s'agit en aucun cas de moraliser mais d'informer et d'outiller.
Le harcèlement de rue
Une des conséquences directes de la culture du viol, c'est le harcèlement de rue :
Le harcèlement de rue, soit un un ensemble de comportements verbaux, non verbaux ou physiques de nature sexuelle et non désirés, est une réalité pour 81 % des femmes en France.
S’il est très facile de ne rien faire collectivement (ça s’appelle « l’effet témoin » et ça n’avance pas à grand chose), une petite action peut, elle, faire toute la différence. Pour encourager les témoins à réagir, le programme Stand Up met en avant la méthode mnémotechnique des 5D.
- Distraire : il s'agit de détourner l'attention du harceleur et créer une diversion par exemple en demandant l'heure ou son chemin. Il est même possible de faire semblant de connaître la victime tout en veillant à ignorer le harceleur.
- Dialoguer : il s'agit de s'adresser à la victime en lui demandant par exemple comment elle va et en soulignant que ce que c'est n'est pas de sa faute. L'idée est à la fois de dissuader le harceleur et de rassurer la victime.
- Déléguer : il s'agit de demander de l'aide à d'autres personnes (éventuellement des personnes compétentes comme des employés de sécurité) si on n'est pas prêt à intervenir de manière directe.
- Documenter : il s'agit de documenter et d'enregistrer la scène pour pouvoir fournir des preuves à la victime si elle souhaite porter plainte par la suite.
- Diriger : il s'agit d'interpeller directement le harceleur en nommant ce qui est en train de se passer. Il peut être pertinent de parler fort de manière à impliquer d'autres témoins.
N'hésitez pas à consulter la formation Stand Up à ce sujet, elle est très complète et très bien conçue.
Les idées reçues sur le viol
La culture du viol est bien présente et le viol est encore aujourd'hui une réalité. Ce visuel fait suite à la très bonne formation de Caroline de Haas sur 5 idées reçues sur le viol.
12 % des femmes sont victimes de viol soit 94 000 victimes chaque année. Dans 45 % des cas, il s'agit de viols conjugaux et entre 78 % et 88 % des victimes connaissaient le violeur. Il s'agit de viol aggravé quand le violeur est le conjoint de la victime. Contrairement à ce que veulent faire croire les faits divers, les violeurs ne sont pas des monstres : il ne s'agit pas d'un manque de contrôle de soi mais d'une question de pouvoir. Les fausses accusations sont rares mais ce qui est fréquent, c'est que les femmes ne portent pas plainte (et quand elles le font, c'est la plupart du temps classé sans suite).
4. LES VIOLENCES CONJUGALES
Le cycle des violences conjugales
Les violences faites aux femmes ne se cantonnent malheureusement pas au monde du travail. On assiste d'ailleurs à un continuum des violences de la sphère personnelle à la sphère professionnelle. Voici un mécanisme diablement efficace qui peut expliquer de nombreux cas d'emprise et de violence dans la sphère privée (et qui peut être vu, en extension, dans le monde de l'entreprise) :
Ce mécanisme, ma foi peu charmant, s'accélère et s'intensifie avec le temps et explique en partie pourquoi les femmes victimes de violence restent avec leur conjoint.
La première étape est celle de tension : la victime se retrouve en état d'angoisse permanente. Vient ensuite l'explosion avec des agressions imprévisibles et incontrôlables. S'en suit un moment de justification pendant laquelle l'agresseur tente d'inverser sa culpabilité en rendant la victime responsable de son agression. Enfin, l'espoir est entretenu avec l'étape de la rémission qui donne inévitablement lieu à une nouvelle tension.
Au coeur de ce cycle ou plutôt de cette spirale, on retrouve le principe d'impuissance apprise qui fait écho au fait qu'à force de ne rien pouvoir faire pour modifier la situation, la victime la subit, peu à peu déconnectée de ses émotions, avec une estime d'elle-même en berne.
J'ai également repris les différents mécanismes des violences conjugales et des réponses que nous pouvons apporter pour les inverser en me basant sur les communications du collectifs Nous Toutes :
Pour répondre au mécanisme d'isolement, on peut dire à la victime "je te crois", pour inverser le processus de dévalorisation, "tu as bien fait de m'en parler", pour palier à l'inversion de la culpabilité, "tu n'y es pour rien, c'est LUI le coupable", pour aller au-delà de la menace et de la peur "la loi l'interdit" et pour tendre une main face à un agresseur qui assure son immunité "je peux t'aider".
Les féminicides en France
L'aboutissement tragique des violences faites aux femmes conduit aux féminicides :
On pourrait évidemment parler globalement d'homicides conjugaux mais il se trouve que 80 % des victimes d'homicides conjugaux sont des femmes donc on va parler ici de féminicides.
En 10 ans, près de 1 400 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-conjoint.
Il n'y a pas de profil type de l'auteur de féminicide : cela concerne toutes les classes sociales, toutes les tranches d'âge et tout le territoire. Même si les médias ont une fâcheuse tendance à romantiser les féminicides, il n'est ni question d'amour ni de folie et encore moins de "crime passionnel".
Un mécanisme récurrent se dégage toutefois : 3 fémincides sur 4 ont lieu pendant ou après une rupture. La victime se trouve initialement dans une relation d'emprise et lorsqu'elle cherche à s'en libérer, ce sentiment d'abandon se révèle intolérable pour l'homme. Le fémincide peut donc se définir comme un crime de propriété et comme l'appropriation ultime de la victime par son conjoint.
Avant ce passage ultime à l'acte, il y a eu un signalement dans 41 % des cas et un dépôt de plainte dans 30 % des cas, en sachant que 80 % des plaintes sont classées sans suite.
5. LES LIMITES
Pourquoi le féminisme ne se fait pas entendre ?
Pour finir sur une note peu optimiste, je vous propose d'essayer de comprendre pourquoi le féminisme ne se fait pas toujours entendre à travers le livre de Pauline Harmange sobrement intitulé "moi les hommes, je les déteste" :
Les femmes luttent à travers le féminisme contre les violences systémiques qui leur sont adressées. Face à cette remise en cause du patriarcat, certains hommes opposés au féminisme (de manière consciente ou non) répondent en brandissant l'argument ultime "pas tous les hommes".
C'est bien évidemment un argument non recevable car il traite d'un registre différent. Avec la remise en cause du patriarcat, on parle de problèmes structurels et avec "pas tous les hommes", on s'appuie sur des exemples particuliers pour nier un problème global.
Cette façon de réagir et de changer de registre participe à décrédibiliser toujours plus les femmes et de les contraindre au silence. Ce qui est synonyme d'encore plus de violences - symboliques - envers elles.
Enfin, une femme en colère est vue comme étant anormale selon les stéréotypes de genre. Le patriarcat prône une femme douce, sage et docile. La femme en colère n'en est que plus suspecte et moins légitime. L'homme, au contraire, est vu comme au paroxysme de la virilité en exprimant farouchement sa colère.
Et si les mots ou l'énergie vous manquent, voici quelques moyens de s'en sortir avec un conversation sexiste (ou raciste, homophobe ou transphobe) :
6. ALLER PLUS LOIN
L'intersectionnalité : prendre en compte la complexité des violences
Le sexisme est malheureusement loin d'être la seule oppression. Pour appréhender la complexité des oppressions et pour penser l'afroféminisme, la juriste Kimberly Crenshaw a popularisé la notion d'intersectionnalité :
Le risque, si on compartimente les luttes, c'est de n'entendre qu'un seul type de discours, celui des plus privilégiés parmi les opprimés. J'ai ici pris l'exemple de la lutte contre le racisme, la lutte contre le sexisme et la lutte contre le capitalisme pour mettre en avant les mises en avant dominantes. En plus de l'uniformité d'un discours dominant, le risque est d'inivisibiliser des vécus et par exemple celui des femmes noires.
Ces problématiques peuvent également être croisées avec les questions d'orientation sexuelle, d'identité de genre, de handicap, d'âge ou encore de religion.
Comme on vient de le constater, les violences faites aux femmes ne sont pas à considérer que sous le seul spectre du genre. Voici un extrait d'un visuel créé pour la mission égalité-diversité de l'université de Lyon 1 reprenant les principaux facteurs de discrimination et de violence :
Le champ des discriminations et des violences est malheureusement très étendu. Les discriminations peuvent notamment porter sur l'état de santé ou le handicap, sur le sexe, l'orientation sexuelle ou l'orientation de genre, la situation de famille ou une grossesse (présumée ou avérée), une origine prétendue, des pratiques ou convictions religieuses ainsi que des opinions politiques ou activités syndicales. Quant aux violences, elles peuvent aller des propos ou gestes injurieux au viol en passant par l'agissement sexiste, le harcèlement moral ou sexuel ou encore l'agression physique ou sexuelle.
Repenser notre rapport à l'amour
L'amour est parfois cantonné au rayon des futilités. Une réflexion sur ce sujet est cependant essentielle pour (re)penser notre rapport à l'autre. C'est l'objet même du merveilleux podcast le coeur sur la table de Victoire Tuaillon qui prône une grande révolution romantique :
L'amour romantique peut se définir comme une combinaison de construction personnelle et de construction socio-culturelle.
Tout commence dès l'enfance, l'enfant va grandir avec des adultes qui l'élèvent (très souvent ses parents) et il va prendre cette relation comme référence pour définir ce qu'est l'amour. L'enfant n'a la capacité de remettre en question cet amour qui peut parfois être malsain, maltraitant, incomplet ou insécurisant. Ne pouvant remettre en question cet amour, l'enfant va accepter ces violences, développer des croyances négatives sur lui et adopter des mécanismes de compensation.
En parallèle, on lui fera ingérer des schémas étriqués véhiculés notamment par les contes de fée et autres récits partagés. Quelques invariants dans ces histoires : l'amour est défini comme une relation reliant forcément un homme et une femme, les deux genres étant foncièrement différents et où, évidemment, l'homme apparaît comme étant supérieur à la femme. L'amour est également vu comme synonyme de violence : la souffrance, le sacrifice et le don de soi sont particulièrement valorisés.
Une fois l'enfant devenu adulte, cette même définition de l'amour va avoir tendance à perdurer. Il va avoir tendance à reproduire (parfois inverser) ce même schéma dans lequel il a grandi et qui lui a servi de référence.
Enfin, avec un "escalator des relations" supposant mariage, propriété et bébé pour vouer toute relation au succès, il y a un réel soulagement à être casé.e. On notera tout le champ lexical de l'enfermement associé à une relation...
Face à ces constats, on peut néanmoins ressortir en étant positif car plus on prend conscience de ce qui nous détermine, plus on peut être libre et donc faire une grande et belle révolution romantique.
Le consentement, à prendre en compte chez petits comme chez les grands
Travailler sur les violences faite aux femmes, c'est aussi travailler sur cette notion essentielle qu'est le consentement :
Le consentement est un accord explicite dans une relation et ça marche (toute la vie) pour les petits comme pour les grands.
Le consentement doit être clair (une absence de "oui" ou un silence équivaut à un "non"), libre c'est à dire sans pression ni menace, éclairé donc ni pendant le sommeil d'un sommeil ou sous l'effet de substances (alcool, drogue, médicaments) et actualisé (le consentement est révocable à tout moment).
En pratique, pour être au clair si son propre consentement, il est nécessaire d'être à l'écoute de ce qu'on ressent. Pour mieux appréhender le consentement de l'autre, il est toujours utile de demander directement et d'être attentif au non verbal (silence, gêne, attitude inhabituelle...).
Pour approfondir le sujet, je vous invite également à consulter mon article la facilitation graphique et l'égalité femmes-hommes.
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