Cet article revient sur des travaux que j'ai réalisés en utilisant la facilitation graphique dans le monde de la finance. Il s'inscrit dans une série de posts retraçant les différentes thématiques que j'ai pu aborder en dessins. L'ensemble des thèmes est disponible ici.
☕️ Attention, cet article est long (et encore j'ai fait une sélection). J'aime bien bavarder, prenez donc un thé !
Parce que la finance ne concerne pas que les banquiers, je vais aborder le sujet selon 3 points de vue : celui d'un acteur public, l'État, sur le projet de loi des finances de 2015 et le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2015, celui d'acteurs privés (en l'occurence de banques), celui des particuliers avec les finances personnelles enfin un point de vue plus citoyen avec le revenu de base.
Finances publiques mode d'emploi
En 2015, je cherchais à vulgariser le projet de loi de finances pour 2015 ainsi que le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour le site du Gouvernement français. Certaines données (notamment les chiffres) sont contextuelles mais le mécanisme de fond reste inchangé :
Ces deux projets de loi (le projet de loi de finances et le projet de financement de la sécurité sociale) sont débattus au parlement tous les ans à l'automne. Ils déterminent, comme leur nom l'indique, le budget de l'État et de la sécurité sociale pour l'année à venir. Ils relèvent de décisions en termes de dépenses publiques, de déficit et des impôts.
L'enjeu du budget en 2015 est le même depuis 2012 : réduire le déficit public et financer les priorités de l' État.
La finance, une affaire de banquiers
J'ai également eu l'occasion d'approfondir le monde des finances du point de vue d'un acteur privé, Amundi, lors d'Amundi World Investment Forum en 2016. Voici mes notes dessinées :
J'ai pu profiter lors de cet événement d'un dispositif permettant d'enregistrer en temps réel mon travail et d'en faire des vidéos accélérées. En voici 3 exemples :
Plus récemment, en mars 2019, j'ai pu entrevoir ce à quoi le paiement de demain pourrait ressembler lors de l'événement "Le Studio" organisé par le Crédit Mutuel Arkea :
En jouant au jeu du "10 years challenge", on constate que les principales différences dans le monde du paiement reposent sur l'écosystème qui se complexifie et les usages qui évoluent sans cesse pour aller du transactionnel au relationnel. Tout cela tend vers un modèle qui pourrait être qualifié de pyramide de Maslow du paiement avec à sa base l'exécution, ensuite la sécurité, la rapidité, la vie privée pour finir sur le Saint-Graal des 2P avec une relation qui soit à la fois personnalisée et proactive.
Le futur du paiement c'est aussi l'openbanking et la plateformisation :
L'openbanking ce n'est pas juste une nouvelle tendance, c'est surtout une transformation en profondeur avec plus d'ouverture, plus de canaux, plus de devices et le tout plus vite. Les leviers sont nombreux et reposent sur la révolution digitale, la maturité technologique, les nouveaux acteurs et le cadre réglementaire.
La banque doit se réinventer et se positionner au centre du parcours de vie de ses clients tout en leur offrant une expérience sans couture et ce, notamment, via des services interconnectés. Il s'agit donc de trouver la parfaite alchimie qui consiste à combiner un rencentrage sur les métiers à haute valeur ajoutée de la banque combiné à des interactions pertinentes avec l'externe.
Finances personnelles et résilience financière
Les finances personnelles sont parfois seulement appréhendées sous le spectre des grandes fortunes. C'est pourtant un enjeu crucial quand il s'agit des plus vulnérables. Dans les prochains visuels, nous allons nous attarder sur la notion de résilience financière de vulnérabilités :
Tout le monde peut être confronté à des aléas, c'est à dire le résultat de facteurs ou de processus qui échappent au moins en partie au contrôle humain. Mais ce sont les situations de vulnérabilité (c'est à dire la plus grande probabilité d'être blessé) qui vont faire qu'un aléa va avoir plus ou moins d'impact sur une personne.
Quand une personne rencontre des aléas, elle va, selon sa situation, pouvoir faire preuve de résilience financière, c'est à dire déployer sa capacité à s'adapter à une hausse de charge ou baisse de revenu. Ainsi, on va pouvoir définir le risque de pauvreté comme étant la probabilité d'occurence d'un dommage financier, soit l'aléa multiplié par la vulnérabilité, le tout pondéré par la capacité d'adaptation de la personne.
Une fois ces définitions posées, nous pouvons maintenant en venir à des solutions qui cherchent à améliorer la résilience financière des plus vulnérables : les applications de gestion budgétaire, les micro-assurances et enfin les serious games :
Les grands invariants des applications de gestion budgétaire sont le calcul de budget, le suivi des entrées et sorties, le pointage et la catégorisation des dépenses, la visualisation graphique et l'incitation à l'épargne. Le premier enjeu pour cet outil, c'est d'en favoriser l'accès et de se rendre accessible à toutes et tous, quelles que soient ses compétences en informatique, en gestion de budget ou sa compréhension écrite générale.
Certains besoins spécifiques des personnes vulnérables ont été relevés : parmi eux, une prégnance des dépenses en liquide, un suivi budgétaire quotidien, une prégnance des transfert monétaires "au pays" ainsi que de manière globale, un public peu informé mais en demande de conseils. En dehors de ces besoins spécifiques, se sont dégagés d'autres besoins tout aussi importants : un besoin de sécurisation et de confiance, un besoin de croire en l'utilité de l'application et enfin un besoin de croire en sa capacité à l'utiliser (ce qui vient rejoindre la nécessité de favoriser l'accès et l'accessibilité).
Une autre solution abordée ne consiste pas à gérer son budget mais à gérer les risques avec les micro-assurances :
La situation des personnes les plus vulnérables se heurte souvent aux limites de l'assurance traditionnelle tant en termes de pouvoir d'achat que de protection adaptée. Or l'absence de couverture assurantielle peut constituer un accélérateur de précarité. Le segment récent de l'assurance inclusive permet de reconsidérer les modalités de l'assurance traditionnelle pour l'adapter aux situations particulières des personnes vulnérables. Deux axes sont aujourd'hui envisagés : réduire la segmentation ou créer des produits spécifiques pour les personnes actuellement exclues du marché de l'assurance ou mal-assurées (c'est-à-dire sous ou surassurées). L'enjeu d'une meilleure couverture pourrait limiter l'impact des aléas cités précédemment et améliorer la résilience financière des personnes concernées.
Enfin, l'apprentissage passe toujours mieux par le jeu. C'est pourquoi l'éducation financière via les serious games semble être une option à explorer :
Le jeu permet à la fois une acquisition de compétences mais aussi une familiarisation et une mise en confiance sur un sujet qui pouvait sembler étranger et parfois très éloigné. À l'issue du jeu, on peut devenir plus sensible à la notion de risques, aiguiser son appréhension des choix raisonnés, savoir s'aiguiller et savoir où trouver une assistance et se sentir compétent pour prendre des initiatives efficaces.
Les jeux peuvent avoir lieu en présentiel ou en numérique et sont à adapter à chaque situation, en accord avec les besoins spécifiques des publics. Ces besoins sont de différentes natures : un besoin d'apprentissage mais aussi un besoin de passer un bon moment mais aussi un besoin d'être attiré par la format : l'enjeu est de trouver un juste milieu entre apprentissage et amusement !
Quand la résilience financière fait défaut, les personnes peuvent se retrouver en situation de surendettement. Une situation qui peut être dépassée plus ou moins aisément selon les pays. Voici un panorama des dispositifs et du vécu du surendettemen à travers l'exemple de 5 pays :
Pour commencer ce tour du monde un peu particulier, direction la Belgique :
En Belgique, le surendettement s'appréhende à travers deux types de procédures : la médiation judiciaire et la médiation amiable. La médiation judiciaire consiste en une mise sous tutelle avec un avocat en charge des finances. Cette procédure concerne essentiellement les situations jugées difficiles et les personnes concernées sont accompagnées et disposent uniquement d'un argent de poche. Pour la seconde procédure, la médiation amiable, les dettes tenables sont échelonnées et un médiateur neutre est garant de la procédure. Le problème : un seul créancier peut tout bloquer. À ce jour, on regrette un manque d'harmonisation des pratiques qui peut alourdir et ralentir la procédure. Une des dérives constatées, c'est l'émergence d'un business de la dette, problématique commune à d'autres pays comme vous pourrez le constater par la suite.
En ce qui concerne la France, la Banque de France constitue un acteur central et incontournable pour qui concerne le surendettement. Depuis 35 ans, cette procédure lui est confiée : après la création d'un dossier de surendettement, le dossier est étudié lors d'une commission qui a lieu dans chaque département. Après l'étude de ce dossier, plusieurs options se dessinent : l'échelonnement des dettes, un moratoire, un effacement des dettes ou une solution hybride. Le surendettement ne doit pas être vu comme un seul problème individuel mais bien comme à problème social à adresser.
En Allemagne, les dispositifs de conseils et médiation de dettes sont souvent liés à des religions et des établissements de culte. La procédure de surendettement (private insolvency) donne nécessairement lieu par un passage par la justice. Suite à cela, les dettes pourront soit être échelonnées soit être effacées (ce qui est peu fréquent). Les personnes surendettées ne sont pas fichées mais un système de scoring est présent.
Les États-Unis sont l'Eldorado du crédit : il y est banalisé et souvent un passage obligé. Les crédits massifs se voient contraints par le durcissement de la loi sur les faillites personnelles : le chapitre 7 prévoit un effacement des dettes total quand le chapitre 13 permet quant à lui un échelonnement sur 3 à 5 ans. Le surendettement y est souvent perçu comme un manque de responsabilité des emprunteurs et non une remise en cause du système. Les puissants scores et historiques de crédit peuvent également pénaliser durablement les personnes endettées.
Enfin, pour finir ce court tour du monde, le Brésil nous offre une perspective peu réjouissante. La situation y est insoutenable pour les débiteurs : dépourvus de protection, il font face à une face à une absence de limite dans les taux d'interêt. Pour faire face aux situations d'endettement, une foire aux dettes annuelle a lieu pour renégocier les dettes en face à face. Des services de recouvrement sont également en lien téléphonique auprès des personnes fichées. Ces situations ne sont pas sans incidence sur les personnes endettées, ce qui va peser lourdement sur leur santé physique et mentale. Le fichage va également les limiter dans leur vie quotidienne avec des restrictions concernant leur accès à la consommation ainsi qu'à certains concours et emplois.
Le revenu de base, un revenu inconditionnel
J'ai eu le plaisir d'illustrer un bon nombre de vidéos pour le Mouvement Colibris et notamment quelques unes concernant le revenu de base : pourquoi le revenu de base ?
Vous pouvez cliquer directement sur le lien des vidéos ci-dessus mais voici également une sélection de captures d'écran expliquant les idées derrière le revenu de base :
Il n'existe pas une seule et unique conception du revenu de base mais les différents partisans s'accordent souvent autour du fait qu'il est :
- individuel (y compris les enfants)
- cumulable avec d'autres revenus
- inconditionnel
On peut différencier 3 grandes approches du revenu de base :
- Celle des libéraux et socio-démocrates avec un revenu de base d'environ 500 € qui se substitue aux minima sociaux avec pour objectif de simplifier le système
- Celle des libertariens avec un revenu de base d'environ 700 - 800 € qui se substitue à toutes les aides avec pour objectif de supprimer l'État-Providence
- Celle des écologistes et altermondialistes avec un revenu de base progressif allant jusqu'à plus de 700 € qui se substitue aux minima sociaux avec pour objectif de décorréler revenu et travail
Les 4 objectifs du revenu de base sont :
- de ne plus lier le revenu à l'emploi
- de raccommoder le lien social
- de pouvoir choisir sa vie et sa voie
- de transiter vers une société écologique
Si ces intentions peuvent paraître tout à fait louables, la question du financement n'est pour autant pas évidente. Comment donc financer le revenu de base ?
- En reventilant certaines aides
- En recourant à la création monétaire
- En taxant les rentes plutôt que le travail
En bonus, si vous en voulez encore, voici une BD verticale que j'avais faite début 2014 (je me faisais la main sur la tablette) pour signer l'ICE (Initiative Citoyenne Européenne) pour le revenu de base :
Oups ! L'ICE est terminée, donc il n'y a plus de lien sur lequel cliquer !
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