LA FACILITATION GRAPHIQUE ET L'INCLUSION

· Mes travaux

Cet article revient sur des travaux que j'ai réalisés en utilisant la facilitation graphique dans le champ des discriminations et de l'inclusion. Il s'inscrit dans une série de posts retraçant les différentes thématiques que j'ai pu aborder en dessins. L'ensemble des thèmes est disponible ici.

J'aurais pu orienter cette partie autour des discriminations, j'ai préféré la faire graviter autour d'une finalité plus positive, celle de l'inclusion. Je vais d'abord m'intéresser à la catégorisation sociale, pour ensuite pousser quelques propositions pour dépasser l'âgisme, le genre et les vulnérabilités de manière générale pour finir sur une proposition enthousiasmante : celle du droit au bonheur.

Dépasser la catégorisation sociale

J'ai eu le plaisir d'aborder avec le programme SEVE emploi, différents volets autour de la catégorisation sociale.

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Nous faisons toutes et tous des raccourcis (quand je dis "nous", ça veut dire au niveau individuel et au niveau collectif, notamment dans les médias).

Pour éviter la surchauffe et permettre de jongler entre les informations, le cerveau va chercher à catégoriser. La catégorisation, c'est un ensemble de processus pour organiser l'environnement en catégories. Et quand les catégories concernent les personnes, ça s'appelle la catégorisation sociale.
 

Les stéréotypes s'appuient sur la catégorisation sociale pour y associer des croyances partagées aux caractéristiques personnelles d'un groupe d'individu. Comme pour la catégorisation, on va chercher à simplifier et inévitablement à généraliser.

La catégorisation n'est ni bonne ni mauvaise en soi, elle est d'abord fonctionnelle : elle va permettre d'identifier, d'ordonner, de donner du sens, de prédire et surtout d'éviter une remise en question permanente de nos apprentissages. C'est un outil descriptif et pas forcément un jugement.
Ce procédé n'est malheureusement pas sans incidence quand il s'agit de l'appliquer aux personnes. Le risque est d'accentuer artificiellement les ressemblances entre les individus d'un même groupe dans une logique d'uniformisation et d'accentuer tout aussi artificiellement les différences avec les individus d'un autre groupe dans une logique de distinction, ce qui va avoir pour effet de créer un clivage entre ces 2 catégories de personnes.
On constate que la catégorisation peut par sa construction être source d'erreur. Les impressions peuvent facilement l'emporter sur les faits. Et autant dire que l'évaluation au doigt mouillé est rarement justifiée. Cela peut donner une mauvaise appréciation des situations et des actions.

Enfin, l'erreur fondamentale d'attribution peut donner encore plus de poids à la catégorisation sociale. En effet, dans une situation donnée, nous avons tendance à surestimer les causes internes (personnalité, intentions, efforts, réels ou fantasmés) et à sous-estimer les causes externes (situations, événements, entourage social).

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Après avoir détaillé ce qu'il se tramait derrière la catégorisation et les stéréotypes, je vous propose d'appréhender les limites et les biais de la catégorisation sociale.

SEVE emploi, avec qui j'ai travaillé pour ces visuels, s'intéresse au retour à l'emploi et c'est donc notamment sur ce volet que la catégorisation a été analysée.
 

On pourrait penser que toutes les catégories et étiquettes se valent. Il n'en est rien.

Si on prend 2 catégories de personnes, à savoir les chef·fes d'entreprise et les demandeur·euses d'emploi, il se dégage un imaginaire "réflexe" fondamentalement différent, notamment en cas de difficultés.
Lorsqu'un·e chef·fe d'entreprise rencontre des difficultés, on va plus facilement invoquer des causes externes ("c'est la crise !", "la conjoncture n'est pas favorable", "le secteur est en tension"...) et donc fatalement si la personne se retrouve dans cette situation, c'est que la chance lui manque !
Mais de panique, cette personne saura "naturellement" rebondir et saisir les opportunités. On suppose par défaut sa compétence à transformer cette situation hostile.
Lorsqu'un·e demandeur·se d'emploi rencontre à son tour des difficultés, le discours change et se retourne contre la personne. Elle est alors perçue comme étant responsable des difficultés qu'elle doit surmonter. La cause est d'ailleurs toute trouvée : il s'agirait d'une question de volonté ou plutôt de manque de volonté. La solution : faire des efforts et trouver de la motivation (la personne n'étant pas supposée comme n'étant pas motivée pour se trouver dans cette situation). En considérant que la personne n'a pas les ressources pour dépasser cette situation, on va chercher à l'aider à construire son projet professionnel.
Lorsqu'on met ces 2 situations face à face, cela peut paraître exagéré mais ces représentations sont malheureusement bien présentes et persistantes. Notre cerveau a tendance à faire de la résistance et à développer des stratégies de maintien de nos représentations.

C'est sacrément confortable de s'envelopper dans nos croyances et de voir le monde (et les personnes) à travers le biais de confirmation. Veillons toutefois à pratiquer régulièrement cette gymnastique cognitive qui consiste à penser contre soi-même.

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En ce concerne le retour à l'emploi, la catégorisation peut surtout être dépassée par la mise en action. Il s'agit dans un premier temps de raisonner et d'échanger autour de faits.

Le fait de décrire une situation permet d'éviter d'interpréter et d'être victime de biais. Les constats, pour être valables, doivent pouvoir être précis, concrets et mesurables.

Ensuite, la rencontre est centrale dans le dépassement de la catégorisation. Elle permet d'enrichir son expérience et de faire tomber les préjugés. À la rencontre de l'autre, il est nécessaire d'orienter son attention sur les qualités de l'autre : valoriser permet d'alimenter une représentation positive.

Dépasser l'âgisme

Les catégorisations sont nombreuses et une de celle dont c'est difficile d'échapper, c'est l'âgisme.

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L'âgisme s'appréhende à différents niveaux :

En premier lieu, on peut être âgiste, consciemment ou inconsciemment, envers soi-même : c'est l'auto-âgisme. L'âgisme va modeler nos pensées et structurer nos comportements. Vous avez, le fameux "oh, je suis trop vieux / vieille pour ça !" ou son équivalent "c'est pas / plus de mon âge !". Cela donc va aussi inévitablement modifier nos comportements avec les autres.
Vient ensuite le deuxième type d'âgisme : l'âgisme inter-personnel. Ce dernier peut se décliner en 2 volets : un âgisme passif (infantilisation, vulnérabilité supposée), et un âgisme actif (mépris et comportements plus ou moins hostiles, en tout cas conditionnés).

Enfin, le dernier type d'âgisme se situe à niveau structurel, il s'agit de l'âgisme institutionnel. Il se place dans un discours prônant la performance et dans une logique binaire opposant fondamentalement la jeunesse et la vieillesse. L'âge y apparaît comme étalon et se voit corrélé à la valeur d'une personne.

Évidemment, tous ces niveaux d'âgisme s'imbriquent, s'intriquent et s'alimentent mutuellement. Nous sommes toutes et tous âgistes, à nous d'avoir un regard lucide et éclairé sur l'incidence de notre âge sur notre rapport au monde.

L'âgisme se trouve partout dans la société mais aussi en entreprise, comme on peut le constater dans ce visuel reprenant des interventions autour de la thématique "se valoriser et valoriser les collaborateurs et collaboratrices senior" :

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Un des écueil peut être de dépeindre LE senior au singulier. L'âge ne définit pas une personne et il est important de rendre compte de la pluralité des seniors et des enjeux de fin de carrières qui leur sont associés. Certains souhaitent continuer à s'investir, d'autres cherchent à accélérer leur carrière ou à transmettre des connaissances tandis que d'autres aspirent plutôt à préparer leur retraite.

Une des conséquences de l'exclusion, c'est aussi l'isolement social. C'est ce qui a pu être exposé lors d'une journée thématique avec la ville de Rennes :

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De la canicule à la pandémie du covid-19, les crises ont été révélatrices et ont mis en exergue l'isolement social et l'épidémie de solitude. Un effritement du lien a pu être constaté et l'engagement peut être perçu comme une réponse, sans être un antidote magique.

L'isolement des personnes âgées revêt plusieurs réalités : une invisibilisation des personnes accompagnée d'un détricotage identitaire. Il est important de souligner que toutes les conditions de vie ne sont pas comparables et qu'ici encore de fortes inégalités sociales se font ressentir.

Le lien social est un déterminant du bien vieillir et au delà des conditions matérielles d'existence, il s'agit également d'un enjeu culturel et du regard qu'on porte au vieillissement et aux personnes qui vieillissent.

Pour mieux appréhender, la complexité et les réalités autour de l'isolement des personnes âgées, les données chiffrées sont précieuses et voici quelques éléments pour la ville et métropole de Rennes :

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On constate ici que les séniors ne constituent pas un groupe homogène et que sa croissance est rapide alors que ratio d'aidants potentiels est amené à décroître. Pour pallier à l'isolement social, différentes actions ont lieu sur le territoire, autant en structure, qu'à domicile ou encore hors les murs et dans l'espace public.

Lutter contre l'isolement peut se faire à différents niveaux, tous ayant leur utile et tous imbriqués :

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Le triptyque repérer, évaluer, accompagner est à articuler sur le terrain avec un réseau qui se nourrit du service du public mais aussi de tout l'entourage direct ou indirect de personnes âgées. L'enjeu est de sortir du déni pour une agir sur une société de liens en aller vers les personnes concernées.

Pour prévenir et faire reculer l'isolement social des personnes âgées, les actions peuvent être déclinées en 3 différents volets : repérer, aller-vers et accompagner :

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Pour repérer de manière efficace et pertinente, la vigilance doit être partagée autour de signaux faibles. Cela nécessite de travailler en réseau et d'avoir une co-orientation de personnes vers les dispositifs.

L'aller-vers nécessite une forme d'intelligence relationnelle : le consentement des personnes doit être respecté ainsi que leur temporalité. Amorcer un lien prend du temps et il est nécessaire de lâcher l'immédiateté.

Pour bien accompagner, les préjugés doivent être abandonnés, à défaut d'être totalement occultés. L'idée de "faire avec" mérite d'être mise de côté pour davantage "faire à côté", en se centrant sur les besoins et envies des personnes, tout en prenant en compte leur niveau d'autonomie.

Dépasser le genre

Si l'âge nous concerne toutes et tous à un moment de notre vie, le genre peut avoir tendance à nous toucher différemment. On peut avoir l'impression de ne pas être affecté si on correspond et on se conforme aux stéréotypes de genre. La diversité des genres fait toutefois son chemin et des universités comme celle de Lyon cherchent à réfléchir à l'accueil et l'accompagnement des personnes trans :

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Les genres sont multiples et tous légitimes. Le genre peut se conjuguer au pluriel pour un même individu : entre genre ressenti, attirance romantique et/ou sexuelle, genre assigné à la naissance et expression de genre, beaucoup de combinaisons sont possibles.

C'est lorsque le genre ressenti est différent du genre assigné qu'on parle de personne trans. Il n'y a pas de parcours type pour transitionner. On peut se découvrir trans à tout âge et la dysphorie n'est pas systématique. On transitionne car on est et pas pour le devenir. Concernant la transition administrative, elle peut passer par un changement de prénom et un changement d'état civil, même si des modifications de documents sont légalement possibles sans ces changements.

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Pour accueillir et accompagner des personnes trans à l'université, on peut à la fois penser en termes d'environnement et d'interactions.

La meilleure façon d'apprendre n'est pas de supposer mais bien de s'informer et le mieux, c'est de le faire auprès de ressources communautaires : écoutons les personnes concernées ! Cela pourra nous éclairer et nous permettre de prendre conscience de nos représentations et comportements. Ensuite, à un niveau individuel, le respect est de mise, comme pour chaque personne. Il s'agit de respecter le prénom, pronoms et genre de la personne, tout en veillant à ne pas l'outer et à ne pas la mettre dans des situations inconfortables. Si on ignore le genre d'une personne et que son genre a une réelle utilité dans la situation (c'est loin d'être toujours le cas), on peut donner ses pronoms et accords et ensuite inviter la personne à le faire à son tour. Les questions intrusives sont à éviter afin de respecter l'intimité de la personne. La généralisation est également à proscrire car elle nie l'individualité des personnes. Enfin, il est important de pouvoir dénoncer la transphobie dont on est témoin au quotidien.

Pour aller plus loin que les interactions inter-personnelles, l'environnement peut être pensé pour être le plus accueillant possible. Même si on peut être informé, la meilleure personne pour informer de ses propres besoins, c'est elle-même. On ne doit donc pas présumer des besoins, qui sont propres à chaque personne. Par ailleurs, les civilités ne servent pas à grand chose, si ce n'est souligner encore plus le genre. On peut donc tout à fait les supprimer et ajouter un supplément d'enthousiasme à l'oral. De manière générale, une réflexion doit être faite pour prendre en compte la transphobie sur la santé mentale. Les personnes trans doivent pouvoir se sentir incluses et représentées tout au long de leur formation : à travers des formations du personnel mais aussi grâce à une prise en compte des personnes trans dans les contenus pédagogiques. Au niveau personnel, un grand nombre de documents peuvent être modifiés avant toute démarche officielle, autant faciliter la vie des personnes concernées (et mégenrées !).

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Dégenrer la langue peut paraître compliqué mais il suffit parfois de penser en termes d'action et non de personne : la forme passive a l'avantage de ne pas genrer.

 

L'exemplarité est de mise mais la légèreté aussi : on peut évidemment faire des erreurs, l'essentiel c'est de se corriger et de ne pas s'y éterniser. La souplesse est également un élément important : en se plaçant une logique d'accueil, on exprime sa confiance envers l'autre et on lui accorde toute la légitimité qu'il ou elle mérite.

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Un environnement confortable, c'est aussi le fait de laisser de la place à l'autre pour s'affirmer pleinement. C'es se positionner comme personne ressource, à l'écoute des personnes concernées.

Enfin, Nantes Université a esquissé les prémices d'un plan d'action de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et les LGBTQIA+phobies :

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La lutte contre les VSS et les LGBTQIA+phobies s'articule sur plusieurs plans : la politique d'établissement contre les VSS, le suivi de l'évolution des VSS, la formation et la sensibilisation pour toutes et tous, le traitement et suivi des signalements, les conditions d'études des personnes LGBTQIA+ et l'implication des associations étudiantes.

Dépasser les vulnérabilités

Pour ouvrir sur ce sujet, l'un des enjeux de l'inclusion, c'est de réduire les situations de vulnérabilité. Ce ne sont les personnes qui sont vulnérables en soi mais la société qui créé et entretient des situations de vulnérabilité. Le sujet des vulnérabilité était le sujet de la journée de la recherche de l'université Rennes 2 en juin 2023 :

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Nous sommes au carrefour de différentes crises (économiques, sociales, politiques, environnementales) qui créent ou entretiennent différentes formes de vulnérabilités. Pour y faire face et aux fragilités qu'elle engendrent, le lien a un rôle déterminant.

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Les travaux de recherche présentés se sont penchés sur la protection de l'enfance, l'accès aux lieux d'accueil social en milieu rural et les maladies chroniques à incidence respiratoire. Les vulnérabilités ont pu être perçues sous le prisme de l'âge, de l'environnement géographique et de la mobilité spatiale ainsi que la santé et des lieux de vie.

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Les vulnérabilités ont également pu être appréhendées au niveau de la société avec des recherches autour des personnes en situation d'obésité, de l'intersection femmes et handicap et du burnout.

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Les espaces publics constituent en eux-mêmes des facteurs de vulnérabilité. Ils interrogent sur la distance imposée à l'autre, sur notre rapport à l'altérité et à l'engagement.

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La vulnérabilité n'est pas une fatalité. La prévention joue un rôle important pour pouvoir l'éviter. Des dispositifs relatifs à l'accompagnement des proches endeuillés par suicide et relatifs à la prévention du suicide peuvent aider à surmonter des moments de fragilité.

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Enfin, les solidarités peuvent constituer un rempart aux vulnérabilités. À travers les exemples de microcrédit social et du mémorial vivant virtuel, on peut constater la diversité de dispositifs qui agissent comme une aide à la résilience.

Prévenir les conduites à risque

En novembre 2024, j'ai assisté aux rencontres de la MMPCR (Mission Métropolitaine de Prévention des Conduites à Risques). Pour introduire cette thématique de la prévention des conduites à risque, la thématique des vulnérabilités était toute trouvée :

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C'est par le prisme plus spécifique des vulnérabilités des jeunes des quartiers populaires que le journaliste Philippe Pujol s'y est intéressé. Les vulnérabilités sont construites, entretenues et exploitées. L'abandon des jeunes est un pont vers des radicalisations, qu'elles soient délinquantes, religieuses ou politiques.

Si l'exclusion est construire, l'accueil peut aussi l'être :

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Pour faciliter l'accueil des jeunes personnes exilées nouvellement arrivées, des tiers-lieux sont conçus, créant ainsi des espaces et des temps informels. L'accueil inconditionnel permet de prévenir l'isolement, de tisser des liens et de tisser peu à peu la confiance en soi et en l'autre.

Les espaces ne peuvent se concevoir sans penser aux usagers finaux dans toute leur diversité :

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L'exemple ici de la participation des usagers dans l'aménagement de toilettes est assez parlant. La méthode proposée consiste à lister les personnes concernées et la diversité des usages associés, appréhender la géométrie de l'espace avec une cartographie des ressentis et considérer les différentes temporalités pour concevoir un lieu chaleureux et fonctionnel pour toutes et tous.

La dynamique du genre a ici été survolée dans le cas de l'aménagement de l'espace mais elle aussi intrinsèquement liée aux dynamiques relationnelles :

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Comment déconstruire le genre quand il est en pleine construction chez les adolescents ? Vaste question à laquelle Dr Kpote est confronté tous les jours. Pour calmer la panique morale, il est nécessaire de créer des espaces pour questionner les stéréotypes et pouvoir faire des aller-retours salutaires du personnel au systémique pour se rendre compte in fine de la toxicité de masculinité hégémonique.

Échanger autour de la vie affective, relationnelle et sexuelle peut également se travers le jeu :

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L'exemple du jeu Cartadire montre qu'un jeu de carte peut permettre un espace de dialogue où l'expression de soi est facilitée et où le débat est encouragé. L'enjeu est également de pouvoir créer un cadre de confiance et sécurité pour que les personnes peuvent pleinement investir cet espace de proximité.

Le numérique est également une formidable ressource pour la médiation culturelle :

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Bien loin d'un outil enfermant, le numérique peut être orienté pour créer du lien, se penser et être au service de sa propre construction personnelle et relationnelle. Le numérique permet la mise en récit et peut s'intriquer de manière subtile avec le réel.

Une autre manière d'appréhender la technologie au service du lien peut se faire via l'outil radio :

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La radio permet de s'exprimer avec une liberté de ton certaine et de donner la parole sans avoir à passer par l'écrit. C'est un outil de coopération qui permet de trouver sa place et de développer des compétences psycho-sociales.

Enfin, si on parle de lien et d'insertion et vulnérabilité, c'est aussi au regard du processus de stigmatisation qui a été détaillé par la sociologue Sarah Perrin :

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Les normes de conduites souhaitables sont intégrées par chaque personne lors de sa socialisation. Les normes peuvent être formelles mais aussi sont très souvent informelles et guidées par des normes hégémoniques et donc culturellement situées.

Si les normes sont construites, la déviance, définie comme un écart à la norme, l'est tout autant : la normalité comme la marginalité sont donc bien des constructions.  

La stigmatisation vient dévaloriser un attribut spécifique (visible ou invisible) sous fond d'accusation sociale. Pour les personnes stigmatisées, 2 options : le contournement du stigmate dans une logique d'intégration des normes du groupe majoritaire ou le retournement du stigmate dans une optique de distinction. Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons nous échapper totalement des normes : on constate une reproduction des normes et ce, même au sein des groupes déviants.

Vers une réduction des risques au travail

Pour clore ce sujet de réduction des risques, je vous propose de revoir le contexte des conduites addictives plus spécifiquement dans le contexte du travail :

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Les conduites addictives ne sont pas réservées à des personnes marginales : nous sommes toutes et tous concernés. Si on parle de conduites addictives, c'est qu'il s'agit en réalité d'un spectre de l'usage simple aux troubles à liés à l'usage (de légers à sévères). Les conduites addictives n'apparaissent pas ex nihilo : il est important de considérer les raisons qui amènent à consommer ou à tenir une conduite addictive. Les addictions ne sont circonscrites à l'usage d'une substance : l'addiction peut être liée à des produits psychoactifs ou comportementale.

On distingue de nombreux types d'addictions et de modes d'usages et on incombe très fréquemment la B dans la situation. La situation est toutefois plus complexe : c'est le triptyque personne-produit-contexte qui est à analyser pour avoir une vue globale sur la situation. Si on devait définir l'addiction du point de vue la personne, on pourrait mentionner qu'il s'agit d'une impossibilité répétée de contrôler un comportement ou une consommation et la poursuite de ce comportement malgré la connaissance de ses conséquences négatives. Le but recherché peut être de différente nature : produire du plaisir ou soulager un malaise, souvent un peu des 2.

Si on prend l'exemple de l'alcool, entre 22 et 23 % des employés et ouvriers sont concernés par un usage dangereux, un enjeu de taille ! La notion de stigmate se fait encore ici ressentir et la personne a besoin de se sentir exister autrement que sous son prisme. L'idée n'est pas de lutter contre mais d'agir pour la personne.

C'est dans le cadre d'une journée autour des conduites addictives organisée par Seve emploi que j'ai plongé dans les grands axes du programme. Le premier est autour de l'employeurabilité et promeut que tout le monde est employable :

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Le tabou sur l'addiction a besoin d'être levé pour être correctement traité. La personne n'est pas que son addiction mais c'est un volet qui est nécessaire de soulever dès le début du processus de recherche. Pour la personne concerné, il est essentiel d'être en capacité de sortir du déni et d'accepter l'addiction tout en prenant en compte que l'addiction n'empêche pas l'emploi. Une personne prête à l'emploi, c'est avant tout une personne qui souhaite un emploi. Le travail en réseau est crucial et permet d'être au plus près des besoins de la personne.

L'accompagnement d'une personne dépendante en emploi peut être un exercice délicat mais c'est également un domaine encadré au niveau légal :

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La loi interdit de laisser entrer ou séjourner dans les lieux de travail des personnes en état d'ébriété. Aucune boisson alcoolisée (autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré) n'est autorisée sur un lieu de travail. L'usage, la détention ou la vente de drogue sont interdits et sanctionnés pénalement. L'employeur a la responsabilité de protéger la santé physique et mentale des travailleurs et donc de limiter l'exposition à des conditions de travail pathogènes. Le service de santé au travail doit prévenir la consommation sur le lieu de travail et la médecine du travail s'occupe, entre autres, des examens d'aptitude au poste. Le règlement intérieur peut limiter ou interdire la consommation d'alcool sur le lieu de travail et ce de manière proportionnée, des tests peuvent être prévus et des sanctions en cas de non-respect du règlement peuvent être stipulées.

Si un salarié est repéré comme ayant consommé, les 4 grands axes de l'entretien motivationnel peuvent être utiles pour réagir : demander la permission, demander des connaissances, partager de façon neutre et dégager du sens. L'entretien motivationnel est un outil de communication centré sur la personne qu'il peut être intéressant d'approfondir :

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Ce qu'on peut considérer comme un manque de motivation est souvent davantage une ambivalence non résolue : la tension entre les bénéfices et les coûts d'un changement n'est pas évidente. Et l'ambivalence face au changement, c'est tout à fait normal ! L'essentiel est de sortir du réflexe correcteur ou réparateur (en cherchant à convaincre que la personne a un problème, en argumentant pour le changement ou en disant ce que la personne doit faire) pour permettre à la personne de surmonter l'inconfort de l'ambivalence avec ses propres ressources. La motivation et l'engagement au changement sont plus puissants et durables quand ils viennent de la personne elle-même.

Enfin, et si au lieu de centrer l'attention sur les usages à risques des personnes, on cherchait plutôt à réduire les risques sanitaires et sociaux liés à la consommation au sein des organisations ?

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Une dynamique de réduction des risques et des dommages s'articule à la fois sur un volet de prévention mais aussi un positionnement de responsabilisation des individus, leur permettant des décisions éclairées, pour plus de sécurité personnelle et collective.

L'entrée en emploi se pense enfin en articulation avec le maintien en emploi à venir :

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Il s'agit encore ici de dessiner un cadre bienveillant et sécurisant, de réfléchir à des conditions adaptées aux spécificités de la personnes et du trouble dont elle souffre. Les personnes ressource au sein de l'entreprise sont essentielles et le suivi de prise de poste a une importance capitale. La personne a besoin d'être valorisée tout au long du processus, tout en lui fournissant des axes de progrès et objectifs court terme.

Pour un droit au bonheur

J'ai eu la chance de suivre la démarche et les réflexions impulsées par la fondation Léo Lagrange autour du droit au bonheur :

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De 2019 à 2024 les idées ont fusé autour de cette horizon réjouissant qu'est le droit au bonheur. Avec une pluralité d'acteurs, 4 grands axes se sont esquissé : le parcours d'autonomie, le temps libéré, la fabrique du citoyen et l'ouverture au monde. Ces différents axes se rassemblent autour d'une même vision :

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Le bonheur apparaît comme un concept complexe à se réapproprier à revivifier. Loin du bonheur subi proposé par le capitalisme qui confond bonheur, désir et plaisir dans une optique de satisfaction immédiate des désirs matériels, loin de cette course sans fin vers le "toujours plus" et surtout avec un refus certain de cette vision accusatrice qui responsabilise les personnes de leur propre bonheur. La vision proposée ici est celle d'un bonheur joyeux et émancipateur. Un bonheur qui s'articule à la fois dans une dimension individuelle avec la liberté de faire ses propres choix mais également dans une dimension collective qui prône les liens plutôt que les biens.

Pour que les jeunes (et les moins jeunes) puissent s'impliquer dans cette vision, la question du vote a été débattue :

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Abaisser l'âge de vote à 16 ans ? Rendre le vote obligatoire ? Ces propositions vous semblent incongrues ? Et pourtant, elles sont bien réelles dans certains pays. Quelles que soient les positions, les débats font ressortir des idées intéressantes : les premiers votes sont cruciaux pour l'implication dans la vie civique et l'adaptation du discours politique est dans l'intérêt du plus grand nombre. Enfin, une plus grande participation confère aux décisions politiques prises par la suite une plus grande légitimité. Le vote doit être vecteur de sens pour être réellement investi et la transparence et la simplification peuvent aider en ce sens.

L'exploration du champs des possibles en tant que jeune ne peut se penser hors des conditions matérielles :

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Qu'on explore l'option d'une allocation minimale jeunesse indépendant de la situation financière du foyer ou qu'on envisage le maintien de la prise en compte des revenus des parents dans les aides des jeunes, l'horizon qui se dégage, c'est celui de plus de justice socio-économique, quelles que soient les modalités proposées. Un cadre et un cap clairs sont nécessaires pour enlever les barrières en simplifiant les procédures pour plus d'équité.

Les conditions matérielles sont essentielles mais l'espace temps libéré est un dernier pan de réflexion qui a pu ouvrir des horizons :

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Pouvoir et savoir prendre le temps semble fondamental et ce, avec ou sans écran. L'idée est de pouvoir de mettre de l'intentionnalité dans nos actions, tout en évitant tout dynamique d'opposition et en embrassant l'hybridation.

Enfin, les thématiques qui ont été développées ne pourront être investies ex nihilo. Les politiques publiques jeunesse ont un rôle décisif à cet égard :

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Cette vision partagée demande à la fois de regarder loin et de mettre les moyens. L'enjeu est de tendre vers la construction d'une société résiliente, avec un usage et un partage des ressources effectifs et des récits positifs, éloignés de la tyrannie du court terme. Pour alimenter ce moteur du droit au bonheur, la joie de l'action s'apparente au meilleur carburant. Et si l'engagement citoyen était la clé du bonheur ?

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